La colère est une émotion primitive, un sentiment puissant qui peut empoisonner, qui obscurcit l’esprit et empêche de voir la vérité. Elle bloque l’allégresse et remplit de doutes. Sa force est une force illusoire, car plus on l’utilise et plus elle nous mène à un tourbillon de négativité qui endommage corps et esprit. La colère dérive d’une frustration, d’une insatisfaction personnelle, d’une souffrance, d’une non-acceptation de quelque chose, d’une contrainte. C’est une émotion qui veut jaillir à tout prix, mais si on l’observe correctement, on peut discerner ce qu’elle veut nous révéler et qui nous concerne.
Je m’observe, témoin des remous intérieurs qui obscurcissent mon esprit. La vraie guerre est en moi. Actions de force, agressivité, rébellion, rage, manque d’acceptation, hostilité, manipulation, instincts vindicatifs, agitation, je suis au-delà de la limite subtile de la colère. Ce sont des réactions de frustration, dictées par la contrainte et un sentiment excessif de besoin de justice. La colère me transforme en une sorte de cocotte-minute. Mon corps est fatigué, intérieurement usé. Je suis dans un état d’instabilité et ma perception de la réalité est faussée. Il me faut gérer cette colère ; pour ce faire, je l’observe. D’où vient-elle ? Quel message veut-elle me transmettre ? Que dois-je apprendre ? Avec ma force de volonté, je fouille en moi, je découvre des archétypes, des convictions limitantes et leurs causes profondes. J’accepte la colère qui est en moi, je l’élabore et je la rejette. Ne pas la rejeter accroît mon entêtement. Je cours ; je respire profondément ; je danse ; je saisis un oreiller et le roue de coups ; je jette des pierres dans la rivière ; j’écris les pensées qui expriment mon courroux puis je déchire le papier ; je fais une peinture d’un seul jet ; je lance des jurons ; je prononce à voix haute tout ce que j’ai sur le cœur. Je libère l’excès d’énergie qui m’habite ; je l’extériorise seul quelque part. Je convertis la colère et l’intolérance en compréhension, en amour-propre, en empathie. Je réagis différemment, j’apprends à endiguer mes sentiments. Je revendique mes droits sans créer de dommages à autrui. Je ris parce que la vie est temporaire. Je remercie et je glorifie.