De la dévalorisation enfant à l'ego d'adulte : le chemin pour guérir

Nathalie Neumann Par Le 29/10/2025 0

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C'est une des réalisations les plus profondes et les plus difficiles que l'on puisse avoir sur soi-même. Si tu en es là, à faire ce lien d'une clarté absolue, tu as déjà fait 50% du chemin.

Ce que tu décris est le paradoxe central de la guérison.

Ta question est "comment arrêter son ego". Voici la vérité qui change tout : tu ne le peux pas. Et c'est une bonne nouvelle.

Essayer d'"arrêter" ton ego, de le "tuer", de le "contrôler" ou de le "combattre"... c'est ton ego qui essaie d'arrêter ton ego. C'est lui qui veut "gagner" ce combat, qui veut être "performant" en guérison, qui veut "réussir" à ne plus avoir d'ego.

Tu ne peux pas éteindre un incendie avec de l'essence.

Change de perspective : l'Ego n'est pas l'ennemi

En ce moment, tu vois ton ego comme l'ennemi. C'est normal, tu vois les "pathologies" qu'il cause.

Mais il faut le voir pour ce qu'il est : un garde du corps.

Quand tu étais enfant et que tu as été dévalorisé(e), tu étais vulnérable. Cette douleur était insupportable. Alors, ta psyché, dans son intelligence infinie, a créé un protecteur. L'ego.

Ce garde du corps s'est donné une mission sacrée : "Plus jamais ça. Plus jamais on ne nous fera sentir 'nul(le)', 'pas assez', 'rejeté(e)'. Je vais tout faire pour nous protéger."

Pour cela, il a développé des stratégies :

  • "Sois parfait(e), comme ça on ne pourra pas te critiquer."
  • "Sois le/la meilleur(e), comme ça on te valorisera."
  • "Ne montre jamais tes faiblesses, on les utiliserait contre toi."
  • "Contrôle tout, anticipe tout, comme ça, pas de mauvaise surprise."
  • "Attaque le premier si tu te sens menacé (dévalorisé)."

Le problème ? Cet enfant a grandi. Mais le garde du corps, lui, est toujours en alerte maximale. Il a 30 ans de service, il est paranoïaque, il voit des menaces partout (une critique, un oubli, un échec) et il réagit avec la même force qu'à l'époque.

Tes "pathologies" d'adulte sont les dommages collatéraux causés par un garde du corps sur-zélé qui te protège d'un danger qui n'existe plus sous sa forme originelle.

On ne "stoppe" pas un garde du corps en lui tirant dessus. On le rassure, on le remercie pour son service, et on lui dit que l'adulte (toi) prend maintenant le relais.

Le Chemin : Comment "remercier" l'Ego pour reprendre le contrôle

Le but n'est pas de stopper l'ego, mais de le remettre à sa place. Il ne doit plus être le PDG de ta vie, mais un consultant que tu écoutes poliment. Le PDG, c'est ton "Soi" adulte, conscient et aligné.

Voici les étapes concrètes.

1. L'Observation sans Jugement (La pleine conscience de l'Ego)

Tu ne peux pas changer ce que tu ne vois pas. L'ego adore l'inconscience. Ta première mission est de devenir un(e) détective de ton ego.

L'Exercice du "Tiens..." : Dès que tu sens une grosse réaction émotionnelle (colère, jalousie, honte, envie de te justifier...), arrête-toi et dis juste : "Tiens... le voilà."

Ton boss critique ton travail. Tu sens la colère monter. -> "Tiens, le voilà. Mon ego se sent menacé dans sa compétence."

Ton conjoint(e) oublie un truc important. Tu te sens invisible. -> "Tiens, le voilà. Mon ego se sent dévalorisé, 'pas assez important(e)'."

Ne juge pas. N'essaie pas de stopper. Juste, observe. C'est l'étape la plus importante. Tu crées un espace entre le stimulus et la réaction. Tu montres que TOI (l'observateur) n'es pas l'EGO (la réaction).

2. Le Dialogue (Questionner le Garde du Corps)

Maintenant que tu l'as vu, parle-lui (mentalement). Ne sois pas en colère contre lui. Fais preuve de curiosité.

L'Exercice : "De quoi as-tu peur, au juste ?" Derrière chaque réaction de l'ego, il y a une peur.

Situation : Ton boss te critique.

Réaction Ego : "C'est un incompétent, je vais lui prouver qu'il a tort !"

Dialogue : "OK Ego, merci d'être là. De quoi as-tu peur vraiment en ce moment ?"

La peur (l'enfant) : "J'ai peur qu'il voie que je suis nul(le). J'ai peur qu'il me dévalorise. J'ai peur d'être rejeté(e)."

Tu viens de toucher la racine. Ce n'est pas une question de "travail", c'est une question de survie émotionnelle.

3. Le "Re-Parentage" (Rassurer l'Enfant Intérieur)

L'ego est le garde du corps. Mais qui protège-t-il ? L'enfant dévalorisé. C'est à lui que tu dois parler maintenant. L'ego ne se calmera que si l'enfant qu'il protège se sent enfin en sécurité. Cette sécurité, personne à l'extérieur ne peut te la donner. C'est ton travail d'adulte.

L'Exercice : "Je suis là." Quand tu as identifié la peur de l'enfant (étape 2), parle-lui.

Situation : La critique du boss. La peur est "je suis nul(le)".

Le re-parentage (toi, l'adulte, à ton enfant intérieur) : "J'entends ta peur. C'est OK d'avoir peur. Mais écoute-moi : ta valeur n'est pas négociable. Cette critique ne définit pas qui tu es. Ce n'est qu'une opinion sur un travail, pas un jugement sur ton être. Je suis là, je te protège. Tu n'es pas nul(le). Tu es en sécurité avec moi."

Tu donnes à l'enfant la validation qu'il n'a jamais reçue. L'ego (le garde du corps) voit ça et se dit : "Ah. OK. L'adulte gère. Je peux baisser la garde."

4. L'Action Consciente (Choisir tes Valeurs)

Jusqu'ici, tu étais en réaction (Ego). Maintenant, tu peux être en action (Adulte). Tu as créé un espace entre le stimulus (critique) et ton choix.

L'action de l'Ego (réaction) : Se justifier, attaquer, bouder, ruminer.

L'action de l'Adulte (consciente) : "Merci pour ce retour. Je vais regarder ce que je peux en faire." (Prendre ce qui est utile, jeter le reste). "Je ne suis pas d'accord avec cette analyse, voici mes arguments..." (Poser une limite, sans émotion). "J'ai besoin d'un moment pour digérer ça, je reviens vers toi." (Prendre du temps).

Tu n'agis plus pour prouver ta valeur (Ego), mais depuis un lieu où ta valeur est acquise (Adulte).

Un mot crucial sur les "Pathologies"

u as parfaitement raison. Ce mécanisme, répété pendant des décennies, crée de l'anxiété chronique (l'ego qui anticipe les menaces), de la dépression (l'épuisement de ce combat), des troubles relationnels (l'ego qui sabote l'intimité par peur du rejet), etc.

Ton travail de re-parentage est la clé.

Mais parce que tu parles de "pathologies" et de "dévalorisation enfant", le travail en solo a ses limites. La "dévalorisation" est souvent un euphémisme pour des traumatismes.

La thérapie n'est pas un échec, c'est l'outil le plus puissant pour ce travail. Un(e) thérapeute spécialisé(e) (EMDR, thérapie des schémas, etc.) est un guide qui va t'aider à faire ce re-parentage en toute sécurité, à décharger l'émotion bloquée dans le passé que l'ego s'épuise à contenir.

En résumé :

Arrête d'essayer de "stopper" ton ego. Accueille-le avec compassion. Vois-le comme un soldat épuisé qui garde une vieille cicatrice. Ton travail n'est pas de tuer le soldat, mais de soigner la cicatrice.

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