L'un des plus grands freins à la capacité de "lâcher prise" et d'avancer sereinement dans la vie consiste à donner la responsabilité de sa vie et de son bonheur aux gens qui nous entourent.
Ce dysfonctionnement se nomme la codépendance. A force d'être totalement préoccupé par ce qui est à l'extérieur de nous, nous perdons contact avec ce que nous vivons à l'intérieur de nous-mêmes : nos pensées, nos émotions, nos décisions, nos choix, nos expériences, nos désirs, nos intuitions et nos aspirations, en un mot, notre être véritable.
La codépendance est une préoccupation extrême, émotionnelle, sociale et parfois physique à propos d'une personne ou d'un objet. Cette dépendance vis-à-vis d'une autre personne finit par affecter toutes les relations interpersonnelles. La personne codépendante se focalise sur les besoins des autres, elle tente de prendre la responsabilité de contrôler leurs pensées, leurs émotions et leur comportement, en vue de se procurer elle-même la sécurité, l'acceptation et l'estime d'elle-même.
Elle tente de "sauver", de "réparer" les autres, alors qu'elle ne prend pas soin d'elle-même, elle n'arrive pas à dire non, elle se laisse manipuler.
Il arrive qu'elle vive une existence dramatique aux côté d'une personne qui l'exploite ou la victimise et qu'elle reste pendant des années dans une telle relation, acceptant ce statut de victime ou de martyr sans pouvoir s'en aller.
Sophie, venue assister à un séminaire sur le lâcher-prise qu'elle désirait atteindre plus que tout au monde, nous avait raconté son histoire :
- Suite à son enfance troublée par les tensions, les scènes de ménage et finalement le divorce de ses parents, elle avait fait la connaissance à l'âge de 18 ans d'un homme plus âgé qu'elle qui lui avait déclaré son amour pour elle. A partir de ce moment-là, les deux tourtereaux s'étaient mis en ménage. Durant quelques mois, tout avait bien été. Sophie était aux petits soins, elle se donnait complètement à cette relation dans laquelle elle avait mis tant d'espoir. Malheureusement, avant la fin de la première année, Paul, son ami s'était mis (remis ?) à boire, il passait de nombreuses soirées au café avec des copains et d'autres femmes. Lorsqu'il rentrait ivre, il insultait et parfois frappait Sophie, lui reprochant tout ce qui lui passait par la tête, parfois des peccadilles. Sophie pleurait, supportait et, lorsque Paul était sobre, il lui arrivait de dire à sa partenaire combien il l'aimait. Sophie absorbait ses déclarations comme une terre desséchée attendant la pluie. Tout allait bien trois ou quatre jours et le scénario se répétait. Sophie était certaine qu'elle arriverait à guérir Paul. Elle faisait tout pour cela. Elle lui cuisinait de bons petits plats, elle cachait les bouteilles de vin qu'il apportait à la maison, elle l'accompagnait dans la salle enfumée du café où il restait des heures. Tout cela sans résultat. Elle aurait bien voulu quitter Paul, mais qu'aurait-elle fait ? Que serait-elle devenue ? L'avenir sans Paul l'angoissait, elle ne savait plus qui elle était, elle ne savait plus ce qu'elle voulait, elle n'avait pas d'autre désir que de sauver Paul, pour peut-être se sauver elle-même. Puis un jour, épuisée, souffrante, le lâcher-prise lui paru désirable : lâcher prise, laisser vivre, retrouver son identité véritable, avancer dans sa propre vie.
- Elle s'était enfin réveillé à sa situation, elle avait donc envie d'explorer les possibilités qui lui étaient offertes de lâcher prise, de commencer à vivre. Dans un groupe de développement personnel, elle commença à découvrir qui elle était, comment elle avait été maltraitée, quelles avaient été ses souffrances, enfin elle osa partager certains secrets douloureux de son enfance, ses moments de détresse, ce qu'elle croyait, pensait, ressentait, ses choix, ses désirs, ses décisions.
- A partir de ce moment-là, elle put lâcher prise de sa relation malsaine avec Paul. Elle eut le courage de le quitter. Ce ne fut pas facile, il tenta de la retenir, proféra des menaces, déploya toutes ses aptitudes à la manipulation. Rien n'y fit. Sophie avait repris conscience d'elle-même, elle avait décidé de lâcher prise de tout ce qui la retenait captive. Elle avait commencé sa longue marche vers la guérison de sa codépendance, vers une vie de qualité.
La codépendance, problème beaucoup plus répandu qu'on ne peut l'imaginer, est l'un des principaux obstacles à la capacité de lâcher prise.
La première démarche pour sortir de la codépendance et aller vers le lâcher-prise consiste à prendre conscience de cette condition. C'est pour cela que nous proposons aux personnes intéressées le petit questionnaire ci-dessous.
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Oui |
Non |
1 |
Placez-vous les besoins de votre partenaire avant les vôtres ? |
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2 |
Souriez-vous lorsque vous êtes en colère ? |
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3 |
Votre partenaire vous a-t-il déjà frappé ? |
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4 |
Votre partenaire vous dit-il comment vous habiller ? |
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5 |
Craignez-vous de dire à votre partenaire lorsque vous êtes blessé par ses propos ? |
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6 |
Vous sentez-vous nerveux et anxieux lorsque vous êtes seul ? |
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7 |
Vous sentez-vous rejeté lorsque votre partenaire passe du temps avec des amis ? |
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8 |
Vous sentez-vous honteux lorsque votre partenaire fait des erreurs ? |
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9 |
Acceptez-vous d'avoir des relations intimes lorsque vous n'en avez pas envie ? |
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10 |
Pensez-vous que l'opinion de votre partenaire est plus importante que la vôtre ? |
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11 |
Laissez-vous votre partenaire prendre les décisions les plus importantes ? |
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12 |
Etes-vous très perturbé lorsque votre partenaire ne se conforme pas aux plans que vous avez faits pour lui ? |
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13 |
Vous taisez-vous pour maintenir la paix dans la relation ? |
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14 |
Avez-vous l'impression de donner beaucoup plus que vous ne recevez en retour ? |
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15 |
Perdez-vous le contrôle de vos émotions lors de conflits ? |
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16 |
Avez-vous des difficultés à établir et maintenir des liens d'amitié avec d'autres personnes qu'avec votre partenaire ? |
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17 |
Pensez-vous que vous êtes "coincé" dans votre relation ? |
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18 |
Faites-vous un effort constant pour contrôler vos émotions |
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19 |
Vous coupez-vous de vos émotions lors de conflits avec votre partenaire ? |
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20 |
Pensez-vous que vous êtes celui ou celle qui maintient la relation ? |
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5 oui ou plus indiquent que vous êtes ou avez été dans une relation de codépendance. Plus le nombre de oui est grand, plus la relation est dysfonctionnelle et plus il est urgent de prendre les mesures qui permettent d'aller vers un lâcher-prise.
Source : Lâcher prise : Dire oui à la vie